Month: January 2019

OLYMPISMEOLYMPISME

OLYMPISME

Diner avec la Commission d’Evaluation du CIO.

Une salade d’oranges au dessert, du raisin et des kiwis. Je n’ai rien dit, mais je suis sûr qu’ils l’ont fait exprès. Mon blog commence à tourner un peu partout dans les hautes sphères, et des références s’installent. Ceci dit, si je n’ai qu’à poster par le menu mes plats préférés dans mon journal pour me les faire servir en dîner officiel, j’aurais tort de me priver. Ca fait un moment par exemple que je n’ai plus mangé de taboulé oriental, de salade niçoise, de homard mayonnaise, de faisan farci aux cèpes, de pintade au chou, de cailles rôties, de tarte aux myrtilles, de pastèque, de clafoutis aux cerises, de mousse au chocolat et de kouign amann. Encore que l’on pourra se dispenser du kouign amann. Ce n’est pas mauvais ( si on aime manger une plaque de beurre avec du sucre ), mais c’est très lourd à digérer. Il vaut mieux ne pas avoir de choses importantes à faire derrière, comme par exemple diriger la France.

Le dîner s’est par contre dans l’ensemble très bien déroulé, en dehors de deux petits détails. Pour commencer, j’étais assis en face d’un gros monsieur chauve qui faisait des cochonneries avec sa soupe. Il nous a raconté des anecdotes piquantes sur ses visites faites aux différentes villes qui se proposaient pour accueillir des jeux olympiques, d’été ou d’hiver. A Nagano, par exemple, un de ses collègues s’est cassé la figure sur une patinoire et il a été blessé par une jeune fille qui lui a tranché un doigt avec un de ses patins. Elle allait trop vite pour s’arrêter alors qu’il s’étalait devant elle. Tout les membres du Comité présents à la patinoire ce jour-là ont eu peur pour le malheureux mais, à en croire le narrateur, la victime a pris la chose avec bonhommie. Il riait comme un bossu. On a su ensuite qu’il n’avait en fait absolument rien senti : il était ivre mort, totalement rond et pensait qu’il avait juste chuté de manière un peu cocasse. Il disait aussi d’un ton grivois et réjoui que la patineuse avait de bien jolies jambes.
Après, le gros monsieur chauve nous a abreuvé de détails peu râgoutants sur le doigt coupé, mais je n’ai volontairement pas écouté, je suis très sensible quand je suis à table. En tout cas, mes voisins trouvaient ça bien rigolo.

Ensuite, j’ai un peu essayé de discuter avec Lamour qui était assis pas loin, mais il n’entendait rien de ce que je lui disais, à cause du rire du gros monsieur et du bruit ignoble qu’il faisait en aspirant son potage. Je lui ai demandé : ” Alors, Jean-François, estimez-vous que la visite du Stade de France a pu avoir un impact bénéfique sur la décision finale ? “. Il m’a regardé avec des yeux ronds, a agité les mains de manière à me faire comprendre qu’il n’entendait rien et quand je lui ai répété un peu plus fort, il m’a répondu : ” Ah oui oui ! Je l’ai lu, votre internet-blog, il est très sympathique “. Et il m’a fait un grand sourire niais, les dents pleines de petits bouts de tomates de la soupe.

En dehors de ça, tout était très bien. Le discours que j’ai prononcé a été bien accueilli ( finalement j’ai trouvé le courage de le faire, hier, et je n’en suis d’ailleurs pas mécontent ), le repas était gai et la Comission d’Evaluation nous a confié avoir trouvé Paris tout à fait apte à accueillir les Jeux. Il parait que Londres aussi est un candidat sérieux. Mais visiblement, ils ne sont pas tous d’accord sur sa capacité à bien mettre en valeur le tir à l’arc. Si on avait su pour cette histoire de tir à l’arc, on aurait pu coiffer les anglais au poteau dès aujourd’hui, mais je crois que chez nous non plus ça n’est pas reluisant, pour le tir à l’arc. Si jamais les russes ont vent de cette histoire de tir à l’arc, ils vont mettre le paquet dessus, ils vont nous rafler le machin sous le nez et on aura l’air bien bêtes avec nos pin’s, nos casquettes et nos t-shirts Paris 2012.

Et puis tout le monde est parti. Il y a eu des saluts, des poignées de main, et des photos. J’ai d’ailleurs surpris la conversation de deux photographes, de manière tout à fait fortuite. Dialogue qui m’a conduit à repenser à cette affaire de livre d’histoire de CM2.

Le premier photographe proposait au second de le raccompagner chez lui :

” Viens, disait-il, je te prends dans ma voiture, on passe par la voie Pompidou, et je te dépose à la Bibliothèque Mitterand en même pas 20 minutes “.
Je ne sais pas si l’autre a accepté. Tout ce que je sais, c’est que je suis dans les livres d’histoires, mais que je n’ai aucun monument parisien, aucune voie, aucun quai, aucune station de métro à mon nom. Métro Chirac, ça ne sonne pourtant pas si mal que ça, ou en tout cas, ce n’est pas plus ridicule que Métro Corentin Cariou ou Métro Pré Saint-Gervais. Eh bien non. Il y a une place Charles de Gaulle, un centre Pompidou, une voie Pompidou, un Quai Mitterrand et une Bibliothèque Mitterrand, mais Chirac, rien. Oh, bien sûr, Giscard non plus n’a rien, mais il est académicien, maintenant, c’est aussi une forme d’immortalité. Alain Poher non plus n’a rien, mais ce n’est pas un vrai président, et puis il a certainement une ruelle à son nom dans un bled quelconque.
Je m’en suis ouvert à Delanoë, qui n’était pas encore parti. Il cherchait son parapluie au vestiaire. Il m’a répondu : ” Monsieur le Président, ce genre d’hommage se fait en général à titre posthume “. Il a raison, le bougre. Je pourrais bien mégoter pour obtenir un hommage à titre pré-posthume, mais ça serait un peu voyant.

J’ai reçu depuis l’ouverture de ce blog un abondant courrier de la part de mes administrateurs, qui me livrent quelques-uns de vos commentaires. Malheureusement, n’étant pas un familier de l’informatique et encore moins d’internet, je ne vais pas encore les lire moi-même, mais ils ont promis de me montrer le fonctionnement de la chose. Quoiqu’il en soit, je vous remercie tous de vos encouragements, et vous promet d’essayer d’écrire en ces lieux le plus régulièrement possible. Ce week-end je pars à la campagne, mais je penserai à vous.
Lol, comme on dit chez vous, et bonne fin de semaine à tous.

Jacques

WEEK ENDWEEK END

WEEK END

Quel week-end, mes enfants quel week-end. Si je n’avais pas eu une bonne petite remise de médailles ce matin pour me remettre, et me persuader que la fonction présidentielle avait quand même quelques avantages, j’aurais caressé l’idée de démission.

Mais les remises de médailles suffisent en général à me consoler des plus abominables maux. J’adore plus que tout entendre résonner, au son des trompettes et des clairons, la Marseillaise, quand j’appose sur la veste d’un militaire ou d’un savant une décoration prestigieuse. A tel point que j’en arrive à décorer n’importe qui pour le simple plaisir de le voir frétiller d’excitation à l’idée de recevoir sa distinction des mains du plus haut dignitaire du pays : Moi.
Un capitaine s’est distingué en Côte d’Ivoire ? Je le décore.
Un chef d’entreprise fait tourner correctement sa société ? Je le décore.
Michel Sardou vend des milliers d’albums ? Paf ! Décoré.
Croyez-en mon expérience, devant le spectacle d’un général, paré de ses plus beaux atours, digne et pénétré, se dandinant d’un coup d’un pied sur l’autre en osant pas vous regarder tellement il est impressionné, on boit du petit lait. D’autant que la nature fait bien les choses, je décore systématiquement des gens plus petits que moi.

L’ennui, c’est qu’évidemment tout le monde le voit, je me suis fait taper sur les doigts après avoir accroché la Légion d’Honneur à la veste de Jean-Pierre Foucault, par exemple. Un autre inconvénient, c’est qu’on finit par n’avoir plus grand monde à décorer. Il ne reste plus que des gens du calibre de Bertrand Renard, Evelyne Dhéliat ou Marius Colucci, ce qui fait quand même léger.
De toute façon, il va falloir y venir, je le sens bien, je ne tiendrai jamais deux ans sans décorer personne. C’est plus fort que moi.

Je suis décoromane.

Il faut au moins ça pour se consoler d’une promenade au marché de Messac. Messac est une jolie et pittoresque bourgade de Corrèze, où j’aime à venir me détendre de temps en temps. J’ai quelques amis qui habitent dans le coin, et parfois, avec Bernadette, nous allons les visiter. Ce dimanche, nous avions prévu de déjeuner chez eux. Il était entendu que j’apporterais un gâteau pour le dessert. Et plutôt que d’aller le chercher dans une pâtisserie, j’ai décidé de prendre un bain de foule au marché. On n’en fait jamais trop pour entretenir sa popularité, surtout que les derniers chiffres des instituts ne sont pas terribles, mais je pense que c’est la faute de Raffarin et des manifestations.

Me voici donc au marché. Et voilà : depuis une semaine, il y a eu l’effet blog. Je ne sais pas si c’est réellement à cause de moi, mais il me semble que la France est envahie de kiwis. L’intention est sympathique, je ne dis pas, mais tout de même, je ne peux plus serrer la main d’un maraîcher sans qu’il en profite pour me faire goûter ses kiwis. Et pas question de refuser, sinon, ces messieurs vous ressortent textuellement les vertus de ces kiwis que j’ai moi-même vanté.

J’ai changé de marché rapidement, je suis allé au village voisin, où l’accueil a été légèrement différent. Je ne vais pas vous expliquer en détail comment je l’ai deviné, seul le résultat importe, finalement, mais sachez que maintenant, j’ai un moyen infaillible de détecter les opinions politiques des maraîchers. Un maraîcher UMP offre un kiwi ou du raisin. Un maraîcher socialiste offre une orange d’un air narquois, et demande en souriant : « Vous voulez que je vous l’épluche, Monsieur le Président ? Vous pensez vous en sortir ? ». Et je m’en fous partout, je crache des pépins, j’ai le menton plein de jus, et ces salopards se poussent du coude en ricanant.
Je n’ose pas mettre les pieds en Bretagne, des pâtissiers à la rose ou des boulangers communistes vont me forcer à avaler des pleins plateaux de kouign amann en me disant : « J’espère que vous n’avez pas la France à diriger juste après ».
Bref, me voici responsable d’une fracture politique fruitière et d’une révolution socialo-pâtissière au sein du pays.
C’est gagné.

Le samedi était plus paisible. J’ai assisté à une retransmission d’un concert de musique africaine pour la lutte contre le paludisme, j’ai vu Mohammed VI qui m’a montré des photos de son gamin ( Hassan III joue avec ses cubes, Hassan III fait sa sieste, Hassan III mange sa purée, Hassan III a peur d’une vache en Seine-et-Marne… C’est bien simple, Mohammed VI est tout prêt pour se lancer dans l’écriture de livres pour enfants ), et j’ai remis le dossier sur les Seychelles qui traînait chez moi à Barnier, qui le cherchait partout.
Et dans une heure, j’ai un entretien avec un procureur. Pas pour moi, bien sûr. Non, au sujet de l’ex-Yougoslavie. Comme j’ai oublié mon dossier chez Barnier ( il s’était glissé dans celui sur les Seychelles ), je ne sais plus très bien ce que je dois raconter, il va falloir que j’improvise. Je devrais me constituer des discours en kit : « Au nom de la démocratie », « Pour la France et pour les Français », « La grandeur de la République », « Les valeurs de la Liberté bafouées de par le monde » Etc, etc…
Je suis sûr que ça se fait déjà dans d’autres pays.

CONSTITUTION EUROPEENNE

CONSTITUTION EUROPEENNECONSTITUTION EUROPEENNE

J’ai passé aujourd’hui un certain temps à lire les messages que vous avez laissé en commentaires sur mon blog. Le ton de ma lettre d’aujourd’hui sera en conséquence volontairement moins badin, et nous allons même faire un peu de politique, ce qui, après tout, est logique sur le blog du Président de la République Française.

Parmi vos remarques, l’une a donc particulièrement attiré mon attention. Quelqu’un me demande de donner un avis plus personnel sur la Constitution Européenne, voire de la défendre en ces lieux et de le convaincre puisque, pour l’instant, décrete-t-il, il votera non.

Autant le dire tout de suite : je réprouve cette attitude. Par exemple parce que je doute que vous ayez effectivement lu la Constitution telle qu’elle est aujourd’hui proposée. C’est pourquoi nous comptons la diffuser dans chaque foyer, sur format papier, et qu’elle est disponible dés aujourd’hui sur internet en format numérique (je vous renvoie ici pour les différentes manières d’obtenir le texte) . Ceci dans le but d’informer les Français sur le traité que nous leur soumettons. Et parce que l’enjeu est important, il serait bon ( et nous y réfléchissons sérieusement ) de faire passer une sorte de test assez simple aux électeurs avant leur vote, ceci afin de bien prouver qu’ils ont lu la Constitution.
Comprenez que l’enjeu est important.

Autant le référendum sur le quinquennat était un choix intellectuellement basique, puisqu’il fallait choisir son chiffre préféré ( 5 ou 7 ), autant celui sur la Constitution est éminement plus complexe, puisqu’il fait appel à un sens beaucoup moins manichéen ou binaire des choses. Ironiquement, on notera que ce problème opaque de 263 pages que l’Europe pose à la France et aux Français est paradoxalement un moyen proposé pour faciliter le
fonctionnement de cette Europe.

En effet, les institutions européennes se sont développées de façon plus ou moins anarchique en fonction des besoins du moment. Résultat, on a aujourd’hui deux traités fondamentaux différents qui se recoupent, avec des mécanismes fondamentaux qui ne sont abordés dans aucun des deux, et qui de surcroît sont parfois très mal écrits. La Constitution, sous son aspect imposant, se propose donc principalement de réorganiser tout ça de manière cohérente.

Voila en gros le noeud du problème. Le débat de la nécéssité de la Constitution ne se pose donc, à mon sens, même pas. Après, il reste le contenu même du texte, sur lequel de grands débats ont lieu. Doit-on y inclure une mention spécifiant que l’Europe est d’héritage chrétien ? Quelle définition donne-t-on à la liberté de circulation des capitaux ? Est-ce que ça n’est pas une incitation au capitalisme sauvage et au libéralisme carnassier ? Chacun y donne la réponse qu’il veut. Pour ma part, je pense que l’argument du libéralisme, pour le coup, ne tient pas : il est déjà présent en filigranne dans le Traité de l’Union, qui stipule déjà qu’un peu tout ( hommes, femmes, plantes vertes, capitaux, services ou cochons d’Inde ) a le droit de circuler librement. Je rappelle à tout hasard que l’Europe, c’est aussi, voire avant tout, un projet économique de marché commun. Voter non à la Constitution pour cette raison et insister trop lourdement dessus reviendrait à vouloir revenir en arrière et à revoir les bases que nous avons jeté il y a déjà plus de 50 ans.

Voila donc, traité grossièrement, pourquoi j’encourage personnellement le Oui au référendum sur la Constitution. Voila également pourquoi les socialistes et les pâtissiers de leur rang sont également enclins à voter Oui. Et j’espère que vous, désormais, chers lecteurs, me suivrez sur cette route heureuse et fleurie que nous traçons pour l’Europe, la France et les Français.

A part ça, j’ai aujourd’hui reçu un courrier de Mohammed VI qui a lu ces lignes. Il trouve insultant et railleur le ton que j’ai pris pour parler de son fils. Exigeant donc que je poste en ces lieux un droit de réponse, je lui obéis bien volontiers et m’excuse platement de la peine que j’ai pu causer à Sa Majesté:

” Jacques,

Mon fils Moulay Hassan, futur Hassan III, ne sait certes pas encore lire. Malheureusement pour vous, j’en suis moi parfaitement capable. Et votre texte méprisant et insultant à l’égard de mon fils a peiné mon coeur de père et a courroucé mon coeur de chef d’Etat. Si des excuses officielles ne me sont pas présentées, devant ma personne, en mon palais, dans un délai d’un mois, des sanctions économiques seront prises à l’encontre de votre pays au profit d’une puissance dirigée par quelqu’un de moins tête-brûlée que vous. Que vous souhaitiez instaurer un dialogue familier avec vos concitoyens ne doit pas vous faire oublier quelle est votre réelle fonction.
En attendant vos excuses officielles, j’exige que vous postiez dans un délai d’une semaine le présent courrier sur votre blog après y avoir formulé les plus amers regrets.
Veuillez néanmoins agréer l’assurance de mon plus profond respect,

Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc “

Voila qui est fait. Il est probable donc que j’expédie quelqu’un s’excuser au Maroc dans le courant du mois. Nous en reparlerons probablement.